Choisir le surf à Biarritz, ce n’est pas une quête de la plus belle vague au monde, pas plus qu’une immersion dans les grands espaces sauvages, mais bien l’envie de profiter d’un « lifestyle » unique : un surf urbain et bouillonnant où les moments extra-surf comptent autant que les vagues surfées.

Si Biarritz peut se targuer d’être le berceau du surf en Europe, c’est aussi l’histoire d’une naissance un peu accidentelle ! Présent en 1956 sur la côte basque pour le tournage du film hollywoodien Le soleil se lève aussi, adapté d’un roman d’Hemingway, le producteur et surfeur américain Dick Zanuck se fait envoyer une planche de surf depuis les États-Unis. Contraint de repartir avant de goûter aux vagues françaises, c’est son scénariste Peter Viertel, surfeur novice, qui s’essaye au « sport des rois hawaïens » sans trop de succès… Mais la graine est semée et l’Américain – mari de l’actrice Deborah Kerr – entraîne dans son sillage trois premiers frenchies en 1957 : George Hennebutte, Jacky Rott et Joël de Rosnay. Très vite, la bande s’agrandit et forme ce que l’on nommera bien plus tard… les Tontons Surfeurs.  

UNE VILLE, PLUSIEURS AMBIANCES

La Côte des Basques– la Côte pour les intimes – n’a pas seulement vu naître le surf en Europe, c’est d’abord une configuration à part, véritable « bout de la route » qui lui confère cette atmosphère de village dans la ville, une fois passé le virage de l’emblématique Villa Belza.

Dans les années 90, l’endroit se trouve au cœur du revival d’une pratique tombée en désuétude, le longboard, mis en scène par feu le Biarritz Surf Festival. L’événement donne alors naissance à une nouvelle génération de surfeurs moins intéressés par la performance pure que par la glisse et le beau geste. Parmi eux, Clovis Donizetti est à 33 ans un fidèle de l’endroit, et vit de sa passion de « free surfer », ambassadeur d’une grande marque française de textile surf. Ce qu’il retient de la Côte des Basques, c’est « un mélange hétéroclite de générations », où les pionniers du surf français croisent les néo-pratiquants. Endroit qui se vit plus qu’il ne se visite, il incarne selon Clovis « une autre approche du surf, un côté épicurien, en famille, à l’image de Makaha à Hawaï ».

Si la Côte des Basques incarne le « côté cool » du surf à Biarritz, la Grande Plage revendique sans conteste un héritage plus « rock ». C’est cette histoire qu’ont célébré de jeunes surfeurs biarrots à travers leur série documentaire Biarritz Surf Gang en 2017, véritable succès critique et populaire. Pierre Denoyel et Nathan Curren (fils du triple champion du monde, l’Américain Tom Curren) ont mieux que quiconque dépeint l’atmosphère chahutée du surf sur la Grande Plage au cours des années 80 : « Ils avaient fait du rugby et du foot gamins, mais ils ont flashé sur le surf et sont devenus la deuxième génération de surfeurs après les tontons surfeurs des années 70 », raconte Pierre.

En 2019, le « gang » de cinquantenaires est toujours là à l’eau et, si leur empreinte demeure, faisant du lieu un spot où le surf « radical » est à l’honneur, la Grande Plage accueille des surfeurs de tous horizons, de tous âges, dans une ambiance de spot international, avec comme preuve la tenue des Championnats du monde en 2017 sur cette vague.