Biarritz, une ville empreinte de Russie

À partir de la fin du XIXe siècle, les Russes de la jet-set sont si nombreux à Biarritz qu’un quart de la population de la ville parle la langue du tsar.

Chaque mois de septembre s’ouvre la « Saison Russe ». Des cortèges d’aristocrates et leurs familles arrivent en « sleeping-cars » (wagons-lits) de Saint-Pétersbourg respirer le bon air marin atlantique avant de retourner affronter les rigueurs de l’hiver dans la Russie Impériale. Constantin, Wladimir, Alexis, Boris, Cyrille, aucun Grand-Duc ne manque à l’appel.

Cette « Saison Russe » offre à la ville des fêtes somptueuses dont le faste reste encore dans les mémoires. 

L’Eglise Orthodoxe

8 avenue de l’Impératrice

Nombre de nobles, militaires et hauts fonctionnaires du tsarisme se laissaient charmer par Biarritz; germa alors l’idée d’y construire une église orthodoxe. Après l’accord du métropolite de Saint-Pétersbourg, un comité se constitua en 1877 autour du Prince Nicolas-Petrovitch d’Oldenbourg et du grand maître de la cour d’Alexandre III, Michel Volkonski.

En attendant la construction de l’édifice, le culte fut assuré dans un salon du Palais. Les plans de style byzantin furent dressés par l’architecte biarrot Oscar Tisnès et approuvés par l’architecte Niconoff, attaché au Saint Synode. En octobre 1890, la pose de la première pierre fut l’occasion d’une grande fête (retraites aux flambeaux, feu d’artifice, etc.) et en septembre 1892 l’église ouvrit ses portes.

L’intérieur très sobre de l’église fait ressortir les beaux vitraux et nervures dorées des dômes. 

La Villa Océana

22 avenue de l’Impératrice

Il ne reste plus de l’ancienne villa, édifiée en 1903 par les architectes Henri Sauvage et Charles Sarazin, que les bases du portail d’entrée et des fragments de grilles. La maison, achetée en 1910, appartenait à la famille Poliakoff. Le père de Mme Poliakoff était le Président de la Chambre de commerce de Kiev et son mari, Jacques Poliakoff, un médecin renommé qui, lors de la Première Guerre mondiale, administra bénévolement l’hôpital de fortune installé dans les locaux du Grand Hôtel.

La villa Océana fut le lieu de nombreuses réceptions que la presse se plaisait à relater. En 1927, les Poliakoff vendirent la villa pour des raisons financières, et déménagèrent deux maisons plus loin, au chalet Quo Vadis.

Le Chalet des Rochers

9 rue de la Frégate

Cette villa édifiée à la fin du 19ème siècle doit son nom aux blocs rocheux sur lesquels repose sa terrasse. Igor Stravinsky (1882-1971) s’y installa en octobre 1921 avec sa femme Catherine et leurs quatre enfants. Ils étaient les locataires de Marie Rodrigues-Ely, dont les descendants sont restés propriétaires de la villa jusqu’en 1999. Une plaque sur la façade rappelant le long séjour de Stravinsky fut inaugurée le 16 septembre 1999.

En 1922, Anna Kryllovna, la mère d’Igor, libérée d’Union Soviétique, les rejoignit. En 1924, les Stravinsky décidèrent de partir vivre à Nice.

La Villa Quo Vadis

7 rue de la Frégate

La villa Quo Vadis et sa voisine, Sigismond, furent construites en 1904 sur les plans de l’architecte Cazalis pour le compte de M. Sigismond Mendelssohn, publiciste russe. Ce dernier la nomma Quo Vadis d’après le titre du roman de Sienkiewics. En 1910, M. Mendelssohn fut nommé traducteur assermenté pour le russe, l’allemand et le polonais.

De nombreux locataires se succédèrent à la villa Quo Vadis : la comtesse de Pange, la comtesse de Birmingham ou encore « la Belle Otero » lors de la déclaration de guerre de 1914. En 1927, le Dr Poliakoff acheta la villa mais, ruiné, il n’y resta pas longtemps.

Villa Les Vagues

9 rue Louison-Bobet

La Villa les Vagues fut construite dans les années 1900. En l’absence de la famille Doux, à qui appartenait la villa, elle se louait. La clientèle princière préférait souvent s’installer dans une belle maison plutôt que dans un hôtel, même le plus fastueux. A partir de 1906, le grand-duc Alexandre Michaïlovitch et son épouse Xénia, soeur du tsar Nicolas II, appréciaient apparemment cette villa puisqu’ils revinrent à quatre reprises. Ils pouvaient y loger outre leurs six enfants, trois bonnes, cinq femmes de chambre, quatre maîtres d’hôtel, une dame d’honneur et des percepteurs anglais et français.
On retrouve le grand-duc et Xénia à l’hôtel du Palais en 1912. Après la guerre, la Révolution socialiste de novembre 1917, le sauve-qui-peut, Alexandre revint, seul au Miramar, près de cette villa des « Vagues » où il avait connu des temps plus cléments.

Hôtel du Palais (ex-Villa Eugénie)

19 rue de l’Impératrice

Tombée sous le charme de Biarritz durant son enfance, l’Impératrice Eugénie convertit son époux Napoléon III aux séjours estivaux sur la côte. Celui-ci lui fit construire en 1855 un Palais surplombant la mer : la « Villa Eugénie ». Seize années durant, avec pour seules exceptions 1860 et 1869, le couple impérial se rendait fidèlement dans leur lieu de villégiature et
y organisaient de somptueuses réceptions.

A la chute de l’Empire en 1870, la villa Eugénie est rachetée par la Banque parisienne, transformée en casino et devient, en 1893, l’Hôtel du Palais. Toute la haute société russe y descendait, et notamment la princesse Youriewsky, veuve du Tsar Alexandre II ; l’impératrice Maria-Fedorovna, veuve d’Alexandre III et ses deux filles, Xénia et Olga. Cette dernière était présente lors de l’incendie qui ravagea l’Hôtel le 2 février 1903. 

Ex-Villa La Providence

11 rue Gardères

Elle appartenait au rentier Jean-Gabriel Lutz, natif de Saint-Pétersbourg (mort en 1978). Biarritz se flattait en 1886 de voir un magnat russe, le conseiller privé du tsar, Samuel Poliakoff (1836-1888), roi des chemins-de-fer, acheter la maison Lutz. Il investit à Biarritz et fit venir ses frères Lazare et Jacob. À sa mort, sa maison de Biarritz passa à son fils Daniel qui, en 1912, assistait à toutes les réceptions de la ville et rendait ces invitations par des soupers et soirées musicales au Carlton.

L’Hôtel d’Angleterre

4 rue Mazagran

L’aile gauche (en face en entrant) est antérieure à 1870. Le propriétaire de l’hôtel M. Campagne était soucieux de dégager l’accès de sa création. Il fit en 1873 dresser un chemin de pente face à la mer et sur la falaise à pic, pour établir une communication avec la plage Sainte Eugénie. De jolis chemins en rampe furent tracés avec bancs pour les promeneurs.

En janvier 1877, la nécessité se fit sentir de compléter l’hôtel par un nouveau bâtiment plus fonctionnel. Le grand-duc Wladimir, fils du Tsar Alexandre II, et sa femme, la grande duchesse Marie-Pavlowna reviennent régulièrement en 1879, 1880 et 1893, entraînant la haute société de Saint Pétersbourg.

Cet hôtel constituait une des résidences préférées de la colonie russe.

Villa Belza

Boulevard Prince de Galles

Belza est l’oeuvre de l’architecte Alphonse Bertrand.

Construite vers 1880, c’était à l’origine un bâtiment rectangulaire auquel on ajouta 15 ans plus tard un donjon néo-moyennâgeux. En 1923, Mme Fresnay céda la villa à Grégoire Béliankine, beau-frère d’Igor Stravinsky. Ce dernier le convint d’y ouvrir un restaurant-cabaret qu’il appela « Château basque ». 

En 1927, entièrement rénové, le cabaret reçut ses clients dans une salle transformée en auberge campagnarde du 17e siècle. Mais avec la guerre, l’autorité militaire donna l’ordre de fermeture en septembre 1939. Il reprit alors l’appellation de « Château basque » que portait le restaurant qu’il avait ouvert dans un local de la villa Larralde offert par Coco Chanel. La maison connut la fièvre des années folles où se déroulèrent des dîners de gala somptueux.

Villa Balendies

4 avenue de Londres

La maison construite en 1926 a appartenu à Olga Valerianovna Karnovitch, comtesse Hohenfelsen, épouse du grand-duc Paul Alexandrovitch (fils du tsar Alexandre II), titrée princesse Olga Paley. Après la mort de son mari et de son fils lors de la Révolution russe, la princesse se réfugia en France avec ses deux filles, Irina Pavlovna et Nathalie. Cette dernière épousa en 1927 le célèbre couturier parisien Lucien Lelong.

Grand Hôtel

15 place Clémenceau

En 1914-15, au coeur de la Grande Guerre, le Dr Jacques de Poliakoff fonda de ses propres deniers, aidé par son collaborateur le Dr Bandaline, un service médical et chirurgical de premier ordre pouvant recevoir et traiter sept cents blessés. En 1917, les deux médecins furent promus, le premier Commandeur, et le second, Officier de la Légion d’Honneur. L’épouse de Jacques de Poliakoff se dépensa sans compter dans des oeuvres charitables au profit des blessés, aidée par ses trois filles Elisabeth, Olga et Hélène.

Du bâtiment, il ne reste plus que l’aile droite, le reste a été démoli et remplacé par une résidence.

Villa Sanchis

18 rue Ambroise Paré

La villa fut construite en 1904 pour le compte des Sanchis. Elle porte encore, gravé sur un pilier à l’entrée, le nom de son premier propriétaire : le colonel Vincente Sanchis y Guillen, un proche du Roi d’Espagne Alphonse XIII.

Par la suite, le général comte Grégoire Nostitz, chef d’état major de la garde impériale du Tsar Nicolas II, attaché militaire de l’ambassade de Russie à Paris et représentant personnel du tsar auprès des alliés en 1917, s’installa à Biarritz. Son épouse la comtesse Nostitz, américaine de naissance et ancienne membre de la célèbre « Palmer Company » de New York, était considérée en Russie comme l’une des grandes dames du régime tsariste, très cultivée et capable de s’exprimer en cinq langues. Le comte décéda en 1926 à Biarritz.

Villa Bellocq

31 avenue de Verdun

C’est à cette adresse que de 1923 à 1930 le Dr Jacques de Poliakoff avait installé sa petite usine Socobas, employant une vingtaine d’ouvriers. On y confectionnait des sucres d’orge, des gaufrettes basques, des confitures, des « nanouks », vendus dans les cinémas (ancêtres des chocolats glacés). En 1930, la famille Poliakoff ruinée dut léguer la maison à la Banque hypothécaire du Sud-Ouest. Le Dr de Poliakoff, accablé de dettes, quitta Biarritz pour ne plus y revenir.

La maison fut restaurée dans les années 2000 et vendue en appartements.

Hôtel Plaza

10 avenue Edouard VII

La construction de ce benjamin des palaces de Biarritz s’acheva en 1928 sous la direction de l’architecte parisien, M. Boileau assisté de deux jeunes collaborateurs américains.
Depuis 1990, l’hôtel est classé au titre des Monuments historiques. Le prince Dimitri Romanoff y séjourna.

Villa Etchepherdia

Rue d’Haitzart

La villa « Etchepherdia » – la Maison Verte – fut construite sur le plateau du phare, aux alentours de 1900, par l’architecte Henri Tétard pour Egbert Abadie.

En 1908, « Etchepherdia » devint une véritable pépinière d’artistes connus du monde entier, peintres, musiciens, sculpteurs : Alexandre Scriabine, pianiste et compositeur russe, Séraphin Soudbinine, sculpteur russe fixé à Paris, ainsi que le violoncelliste Koussovosky et le ténor Sobiroff. En 1909-10 le prince Wladimir Orloff s’y installa.

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Toutes les villas (à l’exception de la Chapelle Impériale, de l’Eglise Orthodoxe et de l’Hôtel du Palais) que nous vous présentons sont des propriétés privées; il n’est donc pas possible d’y rentrer pour les visiter. Nous vous demandons donc de bien vouloir respecter leurs résidents en restant à l’extérieur.

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